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Un modèle fort épris de sa personne

Catalogue concerné : I. Catalogue des portraits peints / Portraits d'attribution certaine

Période : Cinquième période (de 1709/1710 à 1719/1720)

Numéro déjà catalogué : P.1145 (page 382)

Rubrique concernée : Original Nature de la mise à jour : précision apportée sur une oeuvre déjà cataloguée

 

Fig. 1 : Hyacinthe Rigaud, Portrait d'un homme inconnu, vers 1710-1715, collection particulière

(c) Christie's / droits réservés

Hyacinthe Rigaud, Portrait d'un homme inconnu, vers 1710-1715, collection particulière

PRÉCISION APPORTÉE sur une OEUVRE déjà CATALOGUÉE

Nous avons pu, à l'occasion de sa toute récente restauration, ré-examiner la version "princeps" de ce portrait d'homme, que nous avons publiée pour la première fois en 2016 et que la maison Christie's proposera le 19 septembre prochain en élégante compagnie, puisqu'elle voisinera avec les enfants de M. Bouette de Blémur peints par Gaspard Rigaud (lot 30), ainsi qu'avec l'effigie du cardinal de Tencin due à Hyacinthe Rigaud (lot 29), deux œuvres majeures auxquelles nous avons consacré des analyses récentes sur ce site :


> Ariane James-Sarazin, "Un portrait à deux mains des frères Rigaud", Hyacinthe Rigaud (1659-1743). L'homme et son art - Le catalogue raisonné, Editions Faton, [en ligne], 10 avril 2017, URL : http://www.hyacinthe-rigaud.fr/single-post/2017/04/10/Un-portrait-à-deux-mains-des-frères-Rigaud


> Ariane James-Sarazin, "Le portrait de ce "prêtre et gueux" de Tencin", Hyacinthe Rigaud (1659-1743). L'homme et son art - Le catalogue raisonné, Editions Faton, [en ligne], mis en ligne le 8 août 2017, URL : http://www.hyacinthe-rigaud.fr/single-post/2017/08/08/Le-portrait-de-ce-prêtre-et-gueux-de-Tencin

Ht. H. 0,81 ; L. 0,65 m ; ancienne étiquette au dos de la toile : Dubuisson, n° 133

Coll. part.

Hist. : Peint vers 1710-1715 ; coll. part. ; vente Paris, Christie's, 19 septembre 2017, lot 28, repr.

Bibl. : Ariane James-Sarazin, Hyacinthe Rigaud (1659-1743), Dijon, Editions Faton, 2016, tome II : Le catalogue raisonné, n° P.1145, repr. p. 382.



Quatre versions de ce portrait d’homme [1], pour lequel Georges de Lastic a autrefois proposé, sans doute sur la foi d’une tradition familiale, le nom du marquis de La Martinière (absent des livres de comptes de Rigaud) et qui doit conserver, en l'état actuel des recherches, son anonymat, existent : celle, aujourd’hui proposée à la vente chez Christie's [Fig. 1] et portant au dos le témoignage d’une ancienne provenance (Dubuisson, n° 133) peut être considérée, compte tenu de la fermeté et de l’éclat de son modelé, comme un prototype de Rigaud, les trois autres, toutes en collection particulière, étant des répliques de qualité dues au maître et à son atelier [Fig. 2]. La récente restauration de la version "Dubuisson" a révélé, pour le manteau, une teinte tirant davantage sur un marron, nuancé de lie de vin et en tout état de cause, moins uniforme que dans les autres versions ; les effets de la lumière sur le dessin du brocart sont également apparus dans toute leur subtilité.




Fig. 2 : Dans l'ordre d'apparition du diaporama : 1. Rigaud et atelier ; 2. Rigaud et atelier ; 3. Atelier de Rigaud

(c) droits réservés / Ariane James-Sarazin


Dans le cas des deux meilleures répliques, le modèle présente la même caractéristique physionomique : une cicatrice en forme de losange (marque de naissance ? accident ? blessure ?) au beau milieu du front. Cette cicatrice n’est pas visible sur le prototype et a été délibérément effacée sur la quatrième version : effacement et reprise sont clairement visibles.

L’attitude (un buste de profil tourné vers la droite, le visage presque de face tourné vers le spectateur), ainsi que le vêtement (un col de fine dentelle ouvert, un ample manteau de velours doublé d’un riche brocart, des effets de retroussis ou de revers) appartiennent aux stéréotypes rigaldiens. De l’une comme de l’autre, l’artiste use beaucoup dans les années 1710-1720. On citera quelques portraits construits selon un schéma équivalent (quoique souvent avec des variantes, plus ou moins importantes) et qui permettent de proposer une fourchette de datation : Guillaume III Scot de la Mésangère (1712, collection particulière) [Fig. 3], Antoine Bernard Bouhier (1713, Dijon, musée des Beaux-Arts), Jean Louis de Roll-Montpellier (1713, collection particulière), Guillaume Castanier (1718, Carcassonne, musée des Beaux-Arts), Gaspard de Gueidan (1719-1720, Aix-en-Provence, musée Granet), etc. [2, Fig. 4]. À noter que l’on retrouve notamment dans le portrait de Guillaume III Scot de la Mésangère [Fig. 3] la même broderie qui court le long du manteau.



Fig. 3 : Hyacinthe Rigaud, Portrait de Guillaume III Scot de la Mésangère, 1712, collection particulière

(c) droits réservés / Ariane James-Sarazin

Hyacinthe Rigaud, Portrait de Guillaume III Scot de la Mésangère, 1712, collection particulière

Fig. 4 : Dans l'ordre d'apparition du diaporama : 1. Homme inconnu, vers 1710-1715, Londres, Dulwich Picture Gallery ; 2. Homme inconnu, vers 1710-1715, collection particulière ; 3. Guillaume Castanier, 1718, Carcassonne, musée des Beaux-Arts ; 4. Henri Baude (?), 1722, Saint-Brieuc, musée d'Art et d'Histoire

(c) droits réservés / Ariane James-Sarazin

 

Notes

[1] Voir Ariane James-Sarazin, Hyacinthe Rigaud (1659-1743), Dijon, Editions Faton, 2016, tome II : Le catalogue raisonné, n° P.1145, p. 382.


[2] Ibid., respectivement P.1234, P.1260, P.1270, P.1333, P.1339, mais aussi P.1144, *P.1323, P.1384, PS.8… car le lecteur trouvera bien d'autres rapprochements possibles au gré de notre ouvrage.

 

Pour citer cet article


Référence électronique

Ariane James-Sarazin, "Un modèle fort épris de sa personne", Hyacinthe Rigaud (1659-1743). L'homme et son art - Le catalogue raisonné, Editions Faton, [en ligne], mis en ligne le 28 août 2017, URL : http://www.hyacinthe-rigaud.fr/single-post/2017/08/28/Un-modèle-fort-épris-de-sa-personne










L'AUTEUR
Ariane James-Sarazin
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