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Les Rigaud de Monseigneur de Catelan

Catalogue concerné : I. Catalogue des portraits peints / Portraits d'attribution certaine

Période : Quatrième période (de 1699/1700 à 1709/1710)

Numéros déjà catalogués : P.772 (page 256), *P.813 (page 274), P.821 (page 277), *P.940 (page 318) et *P.955 (page 325) Nature de la mise à jour : précisions apportées sur des œuvres déjà cataloguées

 

Fig. 1 : Copie manuscrite du testament de Jean de Catelan (1659-1725), évêque de Valence, sans lieu ni date [vers 1720-1725], 8 pages in-fol., collection particulière

(c) Pierre Bergé et associés

Copie manuscrite du testament de Jean de Catelan, évêque de Valence, sans lieu ni date [vers 1720-1725], 8 pages in-fol., collection particulière

PRÉCISIONS APPORTÉES sur des ŒUVRES déjà CATALOGUÉES


Une fois n'est pas coutume, c'est à un document d'archives que nous consacrerons cet article, tant celui-ci nous livre des indications intéressantes sur la destinée de plusieurs œuvres sorties de l'atelier de Hyacinthe Rigaud. Ce document est une copie manuscrite du testament de Monseigneur Jean de Catelan (1659-1725), évêque de Valence, que proposera parmi un ensemble tout-à-fait exceptionnel relatif à Bossuet la maison de vente Pierre Bergé et associés, le 18 octobre prochain [1].


Né en 1659 dans une très ancienne famille de la noblesse de robe toulousaine, dont les origines remontent au XIIIe siècle [2], Jean de Catelan est le fils de Jacques, seigneur de la Masquère, conseiller puis président aux enquêtes du parlement de Toulouse. Lecteur du duc de Berry, puis précepteur des Enfants de France, Jean fut élevé au siège épiscopal de Valence le 15 août 1705. C'est à l'occasion de son sacre, le 21 février 1706, qu'il commanda son portrait en grand format, jusqu'aux genoux et en "habillement répété", à Hyacinthe Rigaud, ce dont les livres de comptes de l'artiste ont conservé le témoignage en l'année 1706 pour 500 livres [3]. Le portrait original n'est malheureusement pas localisé.


Très lié à Bossuet comme en atteste l'abbé Le Dieu dans ses Mémoires [4], Jean de Catelan prouva son attachement à l'aigle de Meaux, en acquérant en 1708, pour 75 livres, auprès de l'atelier de Rigaud, une réplique [5] de son grand portrait en pied, dont l'original, peint entre 1701 et 1705, est aujourd'hui conservé au musée du Louvre (Fig. 2). C'est notamment à cette réplique - "celuy [le tableau] de feu mon[sei]g[neu]r l'Eveq[ue]. de meaux" - que le testament de Catelan fait référence, en le destinant, comme tous les autres tableaux présents dans sa maison des "quatre Pavilon", à son neveu, Jacques, fils aîné de son frère, prénommé François (et non Jean comme l'indique la copie du testament proposée à la vente le 18 octobre), seigneur de la Masquère, baron de Gaure, capitoul en 1645 et 1654, conseiller puis président aux enquêtes, et de Catherine Guillemin. Jacques prendra la succession de son père à partir de 1731 comme président aux enquêtes et aura deux filles de son union avec Louise de Cases : l'une épousera M. de Sapte ; l'autre le comte d'Espie.


Fig. 2 : Hyacinthe Rigaud et atelier, Portrait de Jacques Bénigne Bossuet, évêque de Meaux, 1701-1705, Paris, musée du Louvre, inv. 7506

(c) Paris, musée du Louvre / Jean-Gilles Berizzi

Hyacinthe Rigaud et atelier, Portrait de Jacques Bénigne Bossuet, évêque de Meaux, 1701-1705, Paris, musée du Louvre, inv. 7506

Gageons qu'au nombre des tableaux légués à Jacques, figuraient, outre la réplique du Bossuet, peut-être le portrait original de son oncle, ainsi que d'autres œuvres que celui-ci n'avait pas manqué de commander à Rigaud. Les livres de comptes conservent en effet le souvenir de plusieurs achats de Jean de Catelan : avant de poser devant le Catalan en 1706 et de débourser 75 livres pour le Bossuet en 1708, le futur évêque s'était porté acquéreur : en 1704, pour 75 livres, d'une version en buste du portrait de l'évêque de Blois, David Nicolas Bertier, peint en 1702 [6] (Fig. 3), dont le frère aîné François Bertier [7] avait épousé Marie de Catelan, la sœur de Jean ; en 1706, pour 75 livres, d'une version en buste, due à Jean Le Gros, du portrait de l'évêque de Mirepoix, Pierre de La Broue, peint en 1705 [8] (Fig. 4), oncle de Jean. En outre, à une date inconnue, le duc de Bourgogne fit présent à son lecteur, Jean de Catelan, d'une réplique de son portrait peint en 1702-1703 par Rigaud [9] (Fig. 5), qui fut exposée en 1776 au Salon de Toulouse : le livret la décrit sous le numéro 40 comme provenant "du cabinet de M. le président de Sapte", ce qui accréditerait l'hypothèse selon laquelle après avoir appartenu à Jean de Catelan, puis à son neveu, Jacques, elle échut à la fille aînée de celui-ci, peut-être avec les autres tableaux mentionnés au testament du prélat.



Fig. 3 : Pierre Le Roy d'après Hyacinthe Rigaud, Portrait de David Nicolas Bertier, évêque de Blois, 1709, Paris, BnF, département des Estampes et de la photographie

(c) Paris, BnF

Pierre Le Roy d'après Hyacinthe Rigaud, Portrait de David Nicolas Bertier, évêque de Blois, 1709, Paris, BnF, département des Estampes et de la photographie

Fig. 4 : Claude Duflos d'après Hyacinthe Rigaud, Portrait de Pierre de La Broue, 1707, Paris, BnF, département des Estampes et de la photographie

(c) Paris, BnF

Claude Duflos d'après Hyacinthe Rigaud, Portrait de Pierre de La Broue, 1707, Paris, BnF, département des Estampes et de la photographie

Fig. 5 : Hyacinthe Rigaud et Joseph Parrocel, Portrait du duc de Bourgogne, 1702-1703, Londres, Kenwood House, The Iveagh Bequest, inv. IBK 958

(c) English Heritage

Hyacinthe Rigaud et Joseph Parrocel, Portrait du duc de Bourgogne, 1702-1703, Londres, Kenwood House, The Iveagh Bequest, inv. IBK 958

 

Notes

[1] Vente Paris, Drouot, Pierre Bergé et associés, lot 52, p. 39. Ajout du 8 mai 2018 : vente Paris, Drouot, Pierre Bergé et associés, 30 mai 2018, lot 181.


[2] Voir Louis de La Roque, Armorial de la noblesse de Languedoc, Généralité de Toulouse, tome I, Toulouse / Paris, 1863, p. 117-119, notice n° 47. Les Catelan (que l'on écrit aussi Catellan ou Cathelan) se disaient issus d'une famille florentine qui avait dû fuir la Toscane et se réfugier dans le Comtat Venaissin, après l'assassinat de Julien de Médicis en 1478.


[3] Voir Ariane James-Sarazin, Hyacinthe Rigaud (1659-1743), tome II : Le catalogue raisonné, Dijon, Editions Faton, 2016, n° *P.955, p. 325.


[4] François Le Dieu, Mémoires et Journal sur la vie et les ouvrages de Bossuet, éd. abbé Guettée, Paris, Didier et Cie, 1856-1857, 4 volumes.


[5] Voir Ariane James-Sarazin, op. cit., n° P. 772, p. 256. Il est probable que J. B. Monmorency ait travaillé à cette réplique pour 10 livres.


[6] Voir ibid., n° *P.813, p. 274-275. Bailleul fut chargé pour 7 livres de réaliser l'habit de la version acquise par Jean de Catelan.


[7] Peint en 1703 par Rigaud : voir ibid., n° *P.863, p. 290.


[8] Voir ibid., n° *P.940, p. 318 ; Pierre de La Broue répondit au geste de son neveu Jean de Catelan, en se procurant à son tour une réplique en buste du portrait de l’évêque de Valence (voir ibid., n° *P.955, p. 325).


[9] Voir ibid., n° P.821, p. 276-279 ; nous mentionnons le don de cette réplique à la p. 277.



 

Pour citer cet article


Référence électronique

Ariane James-Sarazin, "Les Rigaud de Monseigneur de Catelan", Hyacinthe Rigaud (1659-1743). L'homme et son art - Le catalogue raisonné, Editions Faton, [en ligne], mis en ligne le 17 octobre 2017, URL : http://www.hyacinthe-rigaud.fr/single-post/2017/10/17/Les-Rigaud-de-Monseigneur-de-Catelan










L'AUTEUR
Ariane James-Sarazin
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