Antoine Sicault, un évêque à la mode de Hyacinthe Rigaud
Parties concernées : Conclusion (pages 512-526)
Nature de la mise à jour : Influence du vocabulaire de Rigaud sur ses contemporains
Aumônier des filles du Saint-Sacrement de la rue Cassette à Paris, puis chantre, chanoine de Saint-Nizier, vicaire général de Lyon, Antoine Sicault (?-1733) fut sacré évêque de Sinople et suffragant de Lyon en 1711 et obtint l'abbaye de Saint-André de Vienne [1]. Comme nous l'avons suggéré, il est probable que le portrait proposé le 5 décembre prochain à Nantes par Couton-Veyrac-Jamault et provenant de la descendance du chancelier Séguier [2] célèbre l'élévation du modèle au siège épiscopal de Sinople, ce qui situerait son exécution vers 1711.
Fig. 1 : Anonyme, Portrait d'Antoine Sicault, vers 1711, collection particulière
(c) Ariane James-Sarazin / droits réservés
L'attitude et la composition générale adoptées par l'auteur anonyme de ce portrait dérivent selon toute apparence des effigies ecclésiastiques de Hyacinthe Rigaud : on retrouve sur la gauche l'habituelle colonne autour de laquelle s'enroule une tenture et dans le fond à droite le mur animé d'un pilastre, éléments récurrents chez Rigaud ; quant au geste de la main, on peut utilement le comparer à celui dont use le Catalan dans maints de ses portraits, avec plus ou moins de variantes [3] (Fig. 2 et 3).
Fig. 2 : Anonyme d''après Hyacinthe Rigaud, Portrait de Guillaume Bourret, après 1715, Paris, Eglise Saint-Paul-Saint-Louis, inv. PM 75001162
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Fig. 3 : Quelques mains extraites de portraits dus à Hyacinthe Rigaud
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Deux éléments d'ordre iconographique confortent une datation dans la décennie 1710 : le fait que le fond du portrait d'Antoine Sicault soit plus orné - bien qu'avec sobriété et retenue - que ce que l'on observe dans les portraits ecclésiastiques de Rigaud de la décennie 1690 où le maître se contente d'un fond neutre ou d'une colonne nue, seulement marquée par le passage du temps ; le fait que les trois derniers doigts de la main et notamment l'auriculaire se déplient gracieusement, à l'instar, par exemple, du geste de la princesse Palatine peinte en 1713 (Fig. 3, troisième image), petite coquetterie du maître que l'on ne décèle guère précédemment dans sa production.
Quant au tableau lui-même, deux hypothèses peuvent être avancées : soit il est l'oeuvre d'un artiste connaissant bien le répertoire de Rigaud au point de l'avoir assimilé et d'inventer une composition originale en combinant plusieurs éléments caractéristiques du maître ; soit il s'agit d'une copie réalisée d'après un original perdu de Rigaud (Monseigneur Sicault n'apparaît certes pas dans les livres de comptes, mais on sait que ceux-ci sont loin d'être exhaustifs), ce qui n'est pas, non plus, à exclure...
Fig. 4 : Anonyme, Portrait d'Antoine Sicault, vers 1711, collection particulière
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Notes
[1] Abbé Hugues du Tems, Le Clergé de France, ou tableau historique et chronologique des archevêques, évêques, abbés, abbesses et chefs des chapitres principaux du royaume, depuis la fondation des églises jusqu'à nos jours..., Paris, Chez Brunet, 1775, tome III, p. 307.
[2] Vente Nantes, Couteau-Veyrac-Jamault (expert : Cabinet Turquin ; notice rédigée avec la collaboration d'Ariane James-Sarazin), 5 décembre 2017, lot 41 (entourage de Hyacinthe Rigaud) : huile sur toile, H. 0,85 x L. 0,69 m, au revers, sur le châssis, une étiquette ancienne sur laquelle on peut lire : Portrait de Msgr Sicault // Docteur de Sorbonne religieux de St François // Evêque de [...] grand oncle de M // Gabrielle Fouët.
[3] Voir dans Ariane James-Sarazin, Hyacinthe Rigaud (1659-1743), tome II : Le catalogue raisonné, Dijon, Editions Faton, 2016, par exemple les n° P.512, P.939, P.1265, *P.1294 ou P.1359.
Pour citer cet article
Référence électronique
Ariane James-Sarazin, "Antoine Sicault, un évêque à la mode de Hyacinthe Rigaud", Hyacinthe Rigaud (1659-1743). L'homme et son art - Le catalogue raisonné, Editions Faton, [en ligne], 11 novembre 2017, URL : http://www.hyacinthe-rigaud.fr/single-post/2017/11/11/Antoine-Sicault-un-évêque-à-la-mode-de-Hyacinthe-Rigaud