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Le portrait dessiné de Pierre Puget par Hyacinthe Rigaud

Catalogue concerné : III. Catalogue des dessins / Dessins d'attribution certaine

Catégorie concernée : Divers

Numéro déjà catalogué : D.144 (page 623) Nature de la mise à jour : précision apportée sur une oeuvre déjà cataloguée

 

Fig. 1 : Hyacinthe Rigaud, Portrait du sculpteur Pierre Puget, entre 1692 et 1694 ou après 1694, Paris, Galerie Eric Coatalem

(c) Galerie Eric Coatalem

Hyacinthe Rigaud, Portrait du sculpteur Pierre Puget, Paris, Galerie Eric Coatalem

PRÉCISION APPORTÉE sur une OEUVRE déjà CATALOGUÉE

Passé en vente à New York chez Christie's le 24 janvier 2017, le portrait que fit Hyacinthe Rigaud de son confrère Pierre Puget est aujourd'hui présenté par Eric Coatalem. Nous avons proposé dans notre ouvrage, en 2016, de le compter parmi les dessins du maître.

Pierre noire, estompe, rehauts de craie blanche sur papier autrefois bleu. H. 27,9 ; L. 22,9 cm

Paris, Galerie Éric Coatalem

Hist. : Exécuté entre 1692 et 1694 ou après 1694 ? ; vente anonyme ; vente Londres, Christie's, 21 avril 1998, lot 180, repr. (entourage de Hyacinthe Rigaud, Portrait de Pierre Puget) ; collection M. et Mme Jonathan Brown ; vente New York, Christie's, 24 janvier 2017, lot 100, repr. (Hyacinthe Rigaud) ; acquis par Éric Coatalem à cette vente.

Bibl. : Ariane James-Sarazin, Hyacinthe Rigaud (1659-1743), Dijon, Editions Faton, 2016, tome II : Le catalogue raisonné, n° D.144 (Hyacinthe Rigaud), repr. p. 623.



Comme nous l'avons écrit en 2016, la ressemblance avec les quelques portraits attestés de Pierre Puget (1620-1694) est frappante et ne laisse aucun doute sur l’identité du modèle de ce dessin, dont la manière à la fois ferme et sûre d’elle-même pour le visage et la chevelure au naturel, moelleuse et illusionniste pour les tissus, revient à Rigaud. Dominique Brême nous a suggéré que le Catalan s’était très certainement inspiré du portrait que François Puget (1651-1707) fit de son père vers 1692 [1, Fig. 2] et qui fut traduit en gravure au XVIIIe siècle, notamment par Edme Jeaurat (1688-1738) [Fig. 3] et Charles Dupuis (1685-1742) [Fig. 4] pour la fameuse suite de portraits d’Odieuvre.


Fig. 2 : François Puget, Portrait du sculpteur Pierre Puget, vers 1692, Paris, musée du Louvre, inv. 7345

(c) RMN-GP / Louvre / Michel Urtado

François Puget, Portrait de Pierre Puget, vers 1692, Paris, musée du Louvre, inv. 7345

Fig. 3 : Edme Jeaurat d'après François Puget, Portrait du sculpteur Pierre Puget, Versailles, musée national du Château et des Trianons

(c) RMN-GP / Château de Versailles

Edme Jeaurat d'après François Puget, Portrait du sculpteur Pierre Puget, Versailles, musée national du Château et des Trianons

Fig. 4 : Charles Dupuis d'après François Puget, Portrait du sculpteur Pierre Puget, Versailles, musée national du Château et des Trianons

(c) RMN-GP / Château de Versailles / Gérard Blot

Charles Dupuis d'après François Puget, Portrait du sculpteur Pierre Puget, Versailles, musée national du Château et des Trianons

Laissé inachevé et présentant un large repentir au niveau de la position du maillet, nous sommes dans l'incapacité, en l'état actuel de nos recherches, de déterminer quelle était la destination précise de ce dessin : fut-il préparatoire à un tableau dont on ne sait si Rigaud eut le temps de l’entreprendre, Puget disparaissant en 1694 ou fut-il réalisé à titre commémoratif comme les portraits dessinés de Sébastien Bourdon [2] et de Gérard Edelinck [3], en prévision d’une gravure qui n'aurait été jamais réalisée ?

Quoi qu'il en soit, il est intéressant de remarquer que Rigaud reprit la position et le motif de la main, en appui et tenant un maillet, pour représenter vers 1700-1705 un sculpteur inconnu, dont nous sont parvenues trois esquisses du portrait [4], la plus ample [5, Fig. 5] pouvant être comparée avec profit avec notre dessin.


Fig. 5 : Hyacinthe Rigaud, Portrait d'un sculpteur inconnu, vers 1700-1705, collection particulière

(c) droits réservés / Christie's

Hyacinthe Rigaud, Portrait d'un sculpteur inconnu, vers 1700-1705, collection particulière

Selon un parti pris qu'il adopta maintes fois pour ses confrères sculpteurs [6], Rigaud cale au premier plan de sa composition, dans un angle, une tête sculptée, emblématique de la production du modèle, qui y impose sa main. Ici, à peine esquissée, on reconnaît, notamment à sa bouche déformée par la douleur, le visage du Milon de Crotone [7, Fig. 6] que Puget réalisa entre 1671 et 1682 pour le roi. Une toile vierge, disposée à l'arrière sur un chevalet, rappelle que Puget fut également peintre, parmi bien d'autres talents. Quant à la robe d'intérieur, Rigaud lui préfère, comme à son habitude et dans un esprit beaucoup plus solennel, une veste cintrée que vient anoblir un drapé de velours, soit une inflexion par rapport à la vision, plus domestique et donc plus intime, de François Puget, qu'Edme Jeaurat reprendra d'ailleurs à son compte, sans que l'on puisse dire s'il eut connaissance du dessin de son aîné...


Fig. 6 : Pierre Puget, Milon de Crotone, 1671-1682, Paris, musée du Louvre, inv. M.R. 2075

(c) RMN-GP / Louvre / Philippe Fuzeau

Pierre Puget, Milon de Crotone, 1671-1682, Paris, musée du Louvre, inv. M.R.2075

 

Notes

[1] Huile sur toile, H. 0,75 x L. 0,61 m, Paris, musée du Louvre, inv. 7345 ; voir Marie-Christine Gloton, Pierre et François Puget : Peintres baroques, Aix-en-Provence, 1985, n° 8, p. 130, fig. 117. Notons qu'à partir de 1680 et jusqu'à sa mort en 1694, Pierre Puget demeura à Marseille et que c'est son fils François qui assista en son nom à la réception, en 1683, de son Milon de Crotone à Versailles.


[2] Voir Ariane James-Sarazin, op. cit., tome II : Le catalogue raisonné, n° D.51, p. 601-602, repr. p. 601.


[3] Voir Ariane James-Sarazin, ibid., tome II : Le catalogue raisonné, n° D.44, repr. p. 600.


[4] Voir Ariane James-Sarazin, ibid., tome II : Le catalogue raisonné, n° P.693, p. 234-235.


[5] Huile sur toile, H. 0,66 x L. 0,55 m, collection particulière (ancienne collection Lagerfeld) ; voir Ariane James-Sarazin, op. cit., tome II : Le catalogue raisonné, n° P.693, repr. p. 234.


[6] On citera notamment les différents portraits de Martin Desjardins (voir Ariane James-Sarazin, op. cit., tome II : Le catalogue raisonné, n° P.52, P.339 et P.703), mais également celui d'Antoine Coysevox (ibid., n° P.780).


[7] Marbre de Carrare, H. 2,70 x L. 1,40 x Pr. 0,80 m, Paris, musée du Louvre, inv. M.R. 2075.

 

Pour citer cet article


Référence électronique

Ariane James-Sarazin, "Le portrait dessiné de Pierre Puget par Hyacinthe Rigaud", Hyacinthe Rigaud (1659-1743). L'homme et son art - Le catalogue raisonné, Editions Faton, [en ligne], mis en ligne le 3 mars 2017, URL : http://www.hyacinthe-rigaud.fr/single-post/2017/03/03/portrait-dessiné-de-Pierre-Puget-par-Hyacinthe-Rigaud










L'AUTEUR
Ariane James-Sarazin
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